Pour désigner tout ouvrage extravagant, qui ne repose pas sur les règles du sens commun, la muse des bonnes gens
Ce proverbe a dû se fermer dès que la rime a été adaptée aux vers, et conséquemment, ce ne serait pas trop présumer en sa faveur que de conjecturer que les Grecs et les Romains, amis de la raison pour le moins autant que de la rime, aient mis ensemble ces deux mots.
Néanmoins, pour parler plus sérieusement, nous pouvons croire qu’il n’est en honneur en France que depuis Boileau, ce législateur sévère et spirituel de la poétique française, l’un des premiers poètes qui aient mis d’accord la rime et la raison, ces deux ennemies nées, en apparence.
Cette locution a quelquefois donné lieu à des bons mots remarquables ; et voici, à son sujet, une anecdote qui mérite d’être citée :
Deux dames de la cour de Louis XIV, la duchesse de Châtillon et la comtesse de la Suze, plaidaient l’une contre l’autre au parlement. Elles se rencontrèrent tête-à-tête dans la salle du palais. Le duc de la Feuillade, qui donnait la main à la duchesse, dit d’un ton gascon à la comtesse qu’accompagnaient Benserade et tout une cour de poètes :
« Madame, vous avez de votre côté la rime ; mais nous, nous avons la raison. — Fort bien, monsieur, dit spirituellement la comtesse en le prenant au mot, ce n’est donc pas sans rime ni raison que nous plaidons. »
intéressant :)
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