Ce mot a une origine toute historique et appartient à l’époque de la chevalerie, siècles de foi, de simplicité, d’héroïsme, où, à côté des plus humbles vertus, ont brillé presque toujours le plus beau courage et le plus splendide mérite.
Les éperons, comme on sait, étaient, avec l’accolade, un des symboles de la dignité dont le nouveau chevalier était revêtu, et des devoirs qu’il contractait. « Gagner ses éperons », c’était racheter une trop grande jeunesse et l’inexpérience par quelque haut fait, quelque éclat de courage, qui missent en relief les vertus qu’exigeait une si noble profession.
On prétend que le proverbe nous vient d’Edouard III, roi d’Angleterre, dans les plaines de Crécy, ce vaste champ de défaite, où la France en deuil ne conserva pour toute espérance que son roi miraculeusement sauvé. Les Français, animés par le courage et le désespoir, disputèrent longtemps la victoire aux Anglais.
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Le prince de Galles, à l’armure noire, combattait avec acharnement, et la témérité de son jeune courage soutenait seule le choc imprévu que, dans un dernier effort, notre armée avait donné aux troupes ennemies. Désespérés, les généraux anglais envoient en toute hâte demander du secours au roi.
Alors celui-ci s’enquit de son fils. Et comme on lui dit qu’il exposait à chaque instant sa vie, et que le jeune prince ne serait sauvé que par un peu d’aide : « Laissez-le, répondit Edouard, il faut qu’il gagne ses éperons. »
Il les gagna ; car Edouard dut à sa valeur nos revers. Et le soir de cette journée, l’héroïque Philippe VI, qui n’avait pu mourir avant d’être vaincu, errant et sans armes, demandait l’hospitalité à un châtelain : « Ouvrez, disait-il, c’est la fortune de la France. »
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