La romancière néo-zélandaise de 28 ans est la plus jeune lauréate de ce prix littéraire, l'un des plus prestigieux du monde.
On attendait l'Anglais Jim Crace, c'est finalement la benjamine de la short-list, la Néo-Zélandaise Eleanor Catton, 28 ans, qui remporte le prestigieux Man Booker Prize, décerné chaque année à une œuvre de fiction de langue anglaise d'un auteur du Commonwealth, pour son roman The Luminaries. Cet ouvrage de 832 pages (le plus long roman couronné depuis la création du prix il y a 45 ans) raconte les aventures et mésaventures d'un certain Walter Moody, bien décidé à faire fortune au moment de la ruée vers l'or en Nouvelle-Zélande au XIXe siècle.
Petit pays d'un peu plus de quatre millions d'habitants connu pour sa domination féroce sur la planète rugby, la Nouvelle-Zélande sera désormais aussi apprécié pour sa jeune littérature. Les autorités politiques se sont réjouies de ce choix qui permet au pays de sortir un peu de l'ombre imposante du voisin Australien qui compte de grands auteurs comme Peter Carey, et abrite, notamment, depuis quelques années, le prix Nobel Sud-Africain J.M. Coetzee, tous les deux lauréats du Booker Prize.
Coïncidence des dates, il y a quelques jours les jurés suédois du Nobel couronnaient la Canadienne Alice Munro, installée de longue date à Clinton, Ontario, là même où est née Eleanor Catton avant de regagner, avec sa famille, la Nouvelle-Zélande. La France avait découvert, en 2011, sous la couverture des éditions Denoël cet auteur prometteur avec La Répétition (he Rehearsal, 2008) premier roman racontant le renvoi d'un professeur de musique coupable d'avoir eu une liaison avec l'une des ses élèves. L'histoire était vue par plusieurs protagonistes. The Luminaries sera, quant à lui, traduit et publié en France chez Buchet-Chastel, en septembre 2015. D'ici là, Eleanor Catton se verra remettre un chèque de 50 000 livres (60 000 euros).
Un scandale éclate dans un lycée de jeunes filles : M Saladin, le professeur de musique, est renvoyé pour avoir entretenu des relations coupables avec l'une de ses élèves, Victoria. Les camarades de classe de l'adolescente et sa jeune soeur se confient tour à tour à leur professeur de saxophone. Toutes sont en émoi, comme brusquement propulsées dans un monde de désir, de choix, de fantasmes dont elles pressentent obscurément qu'ils forgent la vie toute entière.
Les adultes, englués dans leurs angoisses et leur lâcheté, essaient tant bien que mal d'endiguer l'onde de choc. L'affaire agite les conversations jusqu'à l'obsession et l'école de théâtre finit même par l'adapter en pièce de fin d'année, brouillant définitivement les frontières entre réalité et fiction. En cours de saxophone ou sur les planches, les jeunes personnages expérimentent leur propre désir et celui d'autrui.
En sortiront-ils indemnes ? De cette affaire tristement banale, Eleanor Catton tire un formidable roman d'apprentissage - juste, bouleversant et, surtout, extrêmement orignal.
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