revue de presse
Pour ce qui est du roman, l'Académie française n'a pas toujours été à la pointe. Elle leur a longtemps préféré des littératures plus nobles, plus raffinées, plus codifiées - la poésie, le théâtre (le dictionnaire?). Elle avait pourtant fini par se mettre à ce genre bâtard, en 1914, avec le lancement tardif de son Grand Prix du Roman.
La pression du public était trop forte. Le succès du Goncourt aussi, qui avait été créé dès 1903. Comment vouliez-vous rester le temple du bon goût dans de telles conditions? Quand il s'agit de rajeunir son image, même l'Académie française sait parfois s'asseoir sur le bon goût.
Pas plus tard que l'an passé, elle l'avait d'ailleurs bien démontré, en récompensant le même livre que le Goncourt des Lycéens: c'était le page-turner, à la fois efficace et épais, d'un jeune Suisse sympa nommé Joël Dicker.
Cette année, les habits verts qui se réunissent chaque jeudi pour papoter sous la Coupole avaient retenu trois romans dans leur dernière sélection. C'était assez éclectique.
Il y avait là «Les Évaporés», beau polar poétique de Thomas B. Reverdy, où l'on suit un clone de Richard Brautigan au pays de Fukushima (Flammarion).
Il y avait aussi «Apollinaria», roman historique assez académique, farouchement défendu par Jean-Marie Rouart, dans lequel Capucine Motte évoque la passion russe de Dostoïveski pour une jeune femme qui essaie d'écrire elle aussi (JC Lattès).
Il y avait enfin «Plonger», cinquième roman de Christophe Ono-dit-Biot (Gallimard), où il est question de la vie parisienne, de plongée sous-marine dans la mer Rouge, et d'un requin-marteau baptisé Nour («lumière» en arabe). Le fringant patron des pages culturelles du «Point», par ailleurs membre du jury Interallié, y met en scène un journaliste parisien qui lui ressemble, dont la femme est morte noyée sur un rivage lointain, et qui raconte à leur fils les origines de leur amour.
Compte-tenu de l'heure à laquelle on apprend le résultat (16h et des poussières), on suppose qu'il a fallu un bon moment aux académiciens pour se décider. Mais c'est lui qui a décroché le prix, et au premier tour de scrutin. Il a été choisi par 11 voix contre 4 à Reverdy et 3 à Capucine Motte. Il gagne au passage un chèque de 7.500 euros.
Je vais lire Plonger assez prochainement. J'avais bien aimé le Reverdy mais je crois que Plonger est très bien aussi, si j'en crois les chroniques d'autres lecteurs. J'avais déjà lu et aimé Birmanes d'Ono Dit Biot
RépondreSupprimerencore jamais lu. J'ai dans ma pal "Desagrégé(e)", donc tant que je n'ai pas lu celui-là, je n'en achète pas d'autre.
SupprimerJ'essaie d'être raisonnable !
bonne soirée Jostein