mardi 7 mai 2013

Vivre me tue de Paul Smaïl (Jack-Alain Léger)


 188 pages
  • Editeur : Balland (16 juin 2003)
  • 27 ans aujourd'hui. Français. 
  • Un grand-père mort pour la France. 
  • Un oncle assassiné par la police française en octobre 1961. 
  • Boxe, rage, bouquine, aime. Fou d'amour pour Myriam, "princesse juive" : Fou de tendresse pour Daniel, "le petit frère", qui vit si mal sa condition de beur, de sidi, de nardène... 
  • Fou de littérature: Melville, Conrad, Stevenson... Partir à l'aventure! "Les verts rivages de la Terre promise..." Habite Barbès - en attendant. 
  • Très bonnes études, mais pas d'emploi digne de ce nom: livreur de pizzas - en attendant. En attendant quoi? Il sait que seuls les mots peuvent le sauver de la haine. Les premiers mots du roman qu'il n'a pas fini: "Vivre me tue"

  • lecture commencée le 04/05/2013 - lecture terminée le 06/052013
  •   excellent un roman passionnant ! La galère d'un beur qui a beau faire l'intégré, se faire prénommer par son père Paul au lieu de Mohammed, coller aux valeurs républicaines etc., aux yeux des autres, notamment des patrons qui l'auditionnent pour un job, il n'est qu'un «melon», un «raton», un «arbi».
  • Sur le marché du travail, son DEA en littérature comparée ne vaut pas un clou; désespéré, il se rabat sur des boulots alimentaires et précaires: livreur de pizza, réceptionniste chez une bibliothécaire raciste, veilleur de nuit dans un hôtel mal famé, point de chute d'une faune nocturne un peu destroy. 
  • Tous les soirs, pendant sa permanence à l'hôtel, il recompose son histoire, indissociable de celle de sa famille, l'exemple type d'une famille dévouée et déracinée, en mal de reconnaissance: le grand-père mort pour la France, l'oncle victime d'une ratonnade le 17 octobre 1961 à Paris. Le père employé modèle à la SNCF, est mort à la suite d'un cancer. Le frère cadet s'extirpe provisoirement de la galère en se produisant dans un peep-show mais, à force d'anabolisants, il meurt dans une clinique de Hambourg où il est allé vivre auprès de son amant, un Kurde friqué. Après la mort de son frère, le narrateur décide de rentrer au Maroc. «Il se peut que je revienne dans quelques semaines, ou quelques mois, ayant perdu mes illusions. Je sais que ce sera tout aussi difficile là-bas, mais autrement.» 
  • Quelques citations
  • «  Je suis arabe. Un arabe n’a-t-il pas des yeux ? Un arabe n’a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des émotions, des passions ? … » Shakespeare revu et corrigé par Paul Smaïl.
  • *
  • La Malédiction de Rachid Mimouni comme livre de chevet : " Parce que c'est un raton, lui aussi ? Parce que c'est un melon ? J'en ai ma claque de votre connerie, putain ! Vous me faites chier ! Parce qu'alors, quoi ? Les ratons ne devraient lire que des bouquins de ratons, selon vous ? Proust, c'est seulement pour les pédés, alors ? Et Melville, aussi ? Et Virginia Woolf, pour les gousses ?... Un raton peut pas lire Dickens ! C'est ça que vous voulez, hein ? Chacun chez soi !Le Serbes avec les Serbes, les Croates avec les Croates, et les autres derrière les barbelés ! Qu'est-ce que j'en ai à foutre de la littérature arabe ? Pour moi, il y a les bons livres et les mauvais ! Point. "

  •  biographie de Jack-Alain Léger

  • Un ovni littéraire sort en librairie en 1997 : un certain Paul Smaïl publie Vivre me tue (Balland) qui se présente comme un récit autobiographique. L'auteur serait un jeune Beur, titulaire d'un DEA de littérature comparée, qui cite Genet, Melville ou Conrad. Pour survivre, il travaille la nuit dans un hôtel fréquenté par les prostituées. Il veut s'en sortir. Smaïl décrit une banlieue comme on l'a rarement fait.
    C'est sûr, ça sent le vécu. Le livre est plébiscité. Smaïl continue d'écrire. En 2001, il publie aux Éditions Denoël un autre livre dont on parle beaucoup, Ali le magnifique.
    On finit par apprendre que derrière Paul Smaïl se cache l'écrivain Jack-Alain Léger, auteur d'une œuvre qui compte une vingtaine de récits et romans. D'ailleurs, l'année de la parution de Vivre me tue était sorti également Ma vie (titre provisoire), signé Jack-Alain Léger…
    Ce dernier n'a qu'une obsession : qu'on lise une œuvre pour elle-même, sans préjugés sur l'auteur. Comme il l'a dit lui-même, Jack-Alain Léger - c'est son nom de plume «officiel» - aime porter des masques et varier les pseudonymes : il s'est appelé au fil des ans Melmoth, Dashiell Hedayat, Eve Saint-Roche…source : lefigaro
  • auteur de Monsignore, Laffont, 1976, Jacob Jacobi, Julliard, 1993. Pocket, 1995, lus
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2 commentaires:

  1. J'avais très envie de lire ce bouquin en lisant ce billet mais ce qui me gène c'est que ce livre n'ait pas été écrit réellement par un marocain.
    L'auteur est pour le moins un homme curieux !

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    Réponses
    1. oui, je comprends, en fait, j'ai commencé à lire ce livre sans savoir que l'auteur était Jack-Alain Léger. J'ai une vieille édition où cela n'est pas mentionné.
      Mais franchement, j'ai vraiment aimé.
      Parfois, il faut dépasser nos a priori,
      bonne journée Jean-Charles,
      amicalement

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