mercredi 1 mai 2013

Home de Toni Morrison

Home 151 pages

  • Editeur : Christian Bourgois Editeur (23 août 2012)
  • L’histoire se déroule dans l’Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s’applique pas qu’aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L’Amérique de Home est au bord de l’implosion et bouillonne, mais c’est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s’exprime. 
    Les grands changements amorcés par le rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d’Elvis n’ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur appartenance « raciale ». 
    Pour eux, le moindre déplacement, même le plus simple, d’un état à l’autre, devient une véritable mission impossible. En réponse à cette oppression, l’entraide et le partage – facilités par l’utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans différents états – sont au coeur des relations de cette communauté noire dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques. 
    La guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s’exprime aussi bien physiquement que par des crises d’angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune soeur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa soeur, très gravement malade.
     Il va tout mettre en oeuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d’amour, de rancoeur pour cette ville qu’il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. 
    Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d’aider sa soeur à faire de même.

*
 souvenir de lecture

 lecture commencée le 25/09/2012 - arrivée page 51... je n'aurai pas la patience d'attendre ce soir pour continuer, prévu de le lire non-stop ! alors est-ce bien utile de dire que j'ai là mon premier coup de foudre littéraire ?

 lecture terminée le 26/09/2012 - tout est dit des humiliations et de l’insécurité des Noirs aux Etats-Unis dans les années cinquante. Raconté plus comme un conte qu'un roman, sans fioriture, sobre, très court, chaque phrase et percutante, Morrison ne brode pas son texte elle nous mène droit au but, et ça fait mal. 
Le fin du roman donne une note plus positive, après avoir fui Lotus, Frank et Cee reviennent y vivre ensemble et l'espoir d'une vie enfin apaisée renaît. 

 la soeur de Frank, Cee, s’inscrivant dans une lignée d’héroïnes au corps et à l’âme endoloris. Pour sauver la jeune femme, victime de mutilations infligées par un médecin blanc l’ayant utilisée comme cobaye dans le cadre de ses recherches à visées eugéniste, Frank doit, à son retour de la guerre de Corée, traverser les États-Unis de Seattle jusqu’en Géorgie. En chemin, il est à la fois assailli par le spectacle du racisme quotidien des années 50, harcelé par un mystérieux zazou en costume bleu électrique et taraudé par ses souvenirs de guerre – des souvenirs si traumatisants qu’ils suscitent chez lui un embryon de schizophrénie.

Home commence et s’achève donc sur deux versions d’un même événement : au sortir de la prime enfance, les héros terrifiés voient un corps tiré d’une brouette et jeté dans une fosse par des tueurs sans visage ; devenus adultes, ils bravent leurs peurs pour exhumer les ossements et leur donner une sépulture décente. En enterrant à la verticale le cadavre dont le souvenir les poursuivait, les héros s’autorisent eux-mêmes à se tenir debout, à conjurer leurs démons respectifs et à recueillir l’approbation du laurier, “blessé pile en son milieu/Mais vivant et bien portant”, qui a été témoin de la scène. - lesinrocks


 
prix Pulitzer pour Beloved en 1988 
et reçoit le prix Nobel de littérature le 7 octobre 1993 pour l'ensemble de son œuvre.

Maria Zeldis (Mexican)Curiosités de lectrice :

Après que la proclamation d'émancipation eut aboli l'esclavage dans le sud des États-Unis, la discrimination raciale était régie par les lois Jim Crow qui obligeaient une ségrégation stricte des races. Bien que ces lois aient été instituées juste après la fin de la guerre de Sécession, dans la plupart des cas, elles ont été formalisées uniquement après la fin de la Reconstruction menée par lesrépublicains dans les années 1870 et 1880 pendant la période appelée Nadir of American race relations. Cette ségrégation légale a eu cours jusqu'aux années 1960, principalement en raison de l'influence considérable des conservateurs du sud.
En 1896, dans Plessy v. Ferguson, la majorité de la Cour suprême soutient ouvertement des infrastructures "séparées mais égales" (précisément dans le transport), mais le juge John Marshall Harlanfait entendre sa voix minoritaire en alléguant que cette décision est une expression de la suprématie blanche. À son avis, la ségrégation pourrait « encourager des agressions [...] contre les droits admis des citoyens noirs », « inciter à la haine raciale » et « perpétuer un sentiment de méfiance entre races. »9
Afro-américain buvant à une fontaine réservée aux Noirs, vers la moitié duxxe siècle
En 1948, le président Harry S. Truman ordonne la déségrégation dans l'armée américaine.
La ségrégation raciale institutionnalisée a pris fin grâce au travail de militants pour les droits civiques comme Rosa Parks et Martin Luther King, qui ont lutté de la période allant de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à l'adoption du Civil Rights Act et du Voting Rights Act soutenue par le président Lyndon Johnson. La majorité de leurs actions ont pris la forme d'actes de désobéissance civile, dans le but de violer les lois favorisant la ségrégation raciale. On les a vus refuser, par exemple, de céder leur siège à un Blanc, dans le compartiment réservé aux Noirs dans un bus (Rosa Parks), ou organiser des sit-insdans des restaurants réservés aux Blancs.
Si toutes les lois favorisant la ségrégation raciale n'ont pas été abrogées aux États-Unis, la Cour Suprême les a cependant rendues inapplicables. Par exemple, la constitution de l'Alabama stipule toujours que « des établissements scolaires distincts doivent être fournis pour les enfants blancs et les enfants noirs, et aucun enfant de l'une de ces deux races n'est autorisé à aller dans un établissement réservé à l'autre »10. Une proposition d'abroger cette disposition a échoué de justesse en 2004. Cependant, sur un terrain différent, la Cour suprême des États-Unis, en février 2005, dans Johnson v. California (125 S. Ct. 1141), a statué que la pratique informelle de la ségrégation raciale à l'égard des prisonniers détenus dans des établissements de la Californie — ségrégation que la Californie affirmait pratiquer pour la sécurité des détenus (les gangs de Californie, comme ceux du reste des États-Unis, étant habituellement organisés en fonction des races) — est assujettie à une mesure judiciaire. Bien que la Cour ait renvoyé le dossier à la juridiction inférieure, il est probable que sa décision aura pour effet d'obliger la Californie à modifier sa politique de ségrégation dans ses centres de détention.
D'après le Civil Rights Project de l'Université Harvard, la déségrégation réelle des écoles publiques aux États-Unis a plafonné en 1988. Depuis, les écoles sont devenues, dans les faits, plus séparées. En 2005, la proportion d'élèves noirs dans des écoles majoritairement blanches est « à un niveau plus bas que celui de n'importe quelle année depuis 1968 »11wikipédia

Le nom de Jim Crow vient de la chanson Jump Jim Crow écrite en 1828 par Thomas Dartmouth « Daddy » Rice, un émigrant anglais aux États-Unis, le premier à se produire en public en se noircissant le visage.
La chanson et tout le spectacle où elle était interprétée, qui rencontrèrent immédiatement un vif succès, faisaient apparaître un Noir du Sud profond, dont le personnage fera partie des minstrel shows. Jim Crow apparaît souvent en compagnie de « Zip Coon », un noir de la ville dont les mœurs sont plus proches de celles des blancs. Dès 1837, on utilisait le nom de Jim Crow pour parler de ségrégation raciale.








1% rentrée littéraire Toni Morrison
Photo : challenge prix Nobel de littérature, chez Mimi
http://leblogdemimipinson.blogspot.fr/2011/09/les-nobel-2012.html plume au féminin


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