Cette façon de parler est une allusion au crédit et à l’influence des astrologues, qu’on appelait deshommes faisant la pluie et le beau temps, par une périphrase conforme à l’idée que le peuple ignorant avait conçue de leur science.
Telle était la considération dont jouissaient autrefois ces charlatans fatidiques, qu’on n’entreprenait point d’affaire importante sans les avoir consultés. Agrippa nous apprend, De vanitate scientiarum, que les grands seigneurs et les villes avaient des astrologues à titre.
Mathieu Pâris rapporte, dans son Histoire de Louis XI, qu’à la cour de France on conservait une chronologie d’astrologues comme une chronologie de rois ; et plusieurs historiens ont remarqué que Charles V, lorsqu’il remit à Duguesclin l’épée de connétable, crut ajouter beaucoup à cette glorieuse récompense, en lui donnant un astrologue expert qui sût l’avertir des bons et des mauvais jours.
Dans le royaume de Loango, il y a une grande fête où le peuple va demander au roi la pluie et le beau temps pour toutes les saisons de l’année. Le prince prend son arc, décoche une flèche vers le ciel pour marquer son autorité sur l’atmosphère ; et ses sujets, persuadés qu’il en a disposé par cet acte les futures influences conformément à leurs besoins, poussent des cris de joie et de reconnaissance.
On lit dans les Essais de Montaigne (liv. III, ch. 8) : « Le roi de Mexico, après la cérémonie de son sacre, fait serment à ses sujets de faire marcher le soleil en sa lumière accoutumée, esgoutter les nuées en temps opportun, et faire porter à la terre toutes les choses nécessaires à son peuple. » Ce fait se trouve aussi dans l’Histoire de la conquête du Mexique, par Solis (liv. III).
Les Gaulois attribuaient aux neuf vierges sacrées, nommées Sènes, de l’île de Sena (Sein) où elles résidaient, dans l’archipel Armoricain, le pouvoir de faire à leur gré le beau temps et les naufrages. Ils croyaient qu’elles possédaient un carquois merveilleux, dont les flèches, lancées dans les nues, dissipaient les orages.
Racine a traduit heureusement, en style noble, l’expression vulgaire : Faire la pluie et le beau temps, dans ce vers de la tragédie d’Esther : « Je fais, comme il me plaît, le calme et la tempête. »
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