jeudi 26 décembre 2013

Le cas Eduard Einstein, de Laurent Seksik

  304 pages -  excellent
  • Editeur : FLAMMARION (21 août 2013)
  • « Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution. » Albert Einstein.

  • Le fils d Einstein a fini parmi les fous, délaissé de tous, jardinier de l'hôpital psychiatrique de Zurich. Sa mère, qui l a élevé seule après son divorce, le conduit à la clinique Burghölzli à l âge de vingt ans. La voix du fils oublié résonne dans ce roman où s entremêlent le drame d une mère, les faiblesses
    d un génie, le journal d un dément. Une question hante ce texte : Eduard a-t-il été abandonné par son père à son terrible sort ? Laurent Seksik dévoile ce drame de l intime, sur fond de tragédie du siècle et d épopée d un géant.

http://storage.canalblog.com/78/93/584079/64974927_p.jpglecture de novembre 2013
 excellent - première fois que je lis cet auteur, une belle découverte. En fait, je ne voyais pas Einstein  sous ce jour de père absent. Il paraît nettement moins sympathique que sur les photos que l'on vois de lui.
Eduard Einstein est né le 28 juillet 1910 à Zurich, en Suisse, et mort le 25 octobre 1965.
Enfant sensible et fragile, il souffre beaucoup, comme son frère Hans-Albert, qui a six ans de plus que lui, de la séparation de ses parents en 1914 (il est alors âgé de quatre ans). Son père s'installe à Berlin, tandis que sa mère revient à Zurich en emmenant les deux enfants. Durant les cinq années qui suivent la séparation, il n'a aucun contact avec son père, et plus tard ses relations avec lui sont très difficiles (c'est aussi le cas de son frère), alors qu'il reste toujours très lié à sa mère.
Très bon élève et doué pour la musique et la poésie, il compte devenir psychanalyste mais, à l'âge de vingt ans, il est atteint de schizophrénie et doit être interné pour la première fois à Zurich en 1932 (il le sera encore par la suite), à l'hôpital de Burghölzli. Son père lui rend une dernière visite en 1933 puis rompt tout contact avec lui. Il reconnaît que la maladie de son fils avait une origine génétique.
Il est mort en 1965, âgé de 55 ans.
livre en cours
  • Les Mauvaises Pensées. Lattès. 1999
L’histoire de Nathan, le garçon qui sait lire dans les pensées des hommes. Récit initiatique, roman d’apprentissage, le livre est une traversée de la MittelEuropa et de ses figures –Freud en premier lieu, Einstein, Zweig… Le livre est traduit dans plusieurs langues dont la prestigieuse maison d’édition allemande Rowohlt. « On songe à Philip Roth. » François Nourissier. Le Point. « Du Isaac Singer revu par Woody Allen » Michèle Fitoussi. Elle. « Les mauvaises pensées font partie de ces livres qui nous rendent meilleurs. » Tecknikart.
  • La Folle Histoire. Lattès. 2002. - Prix Littré 2005
L’histoire de Ben, né à Sainte-Anne de deux parents fous et qui décide, à l’âge de 20 ans, de faire évader son père et sa mère pour qu’ils vivent l’histoire d’amour que la folie leur a volé. « La folle histoire est une fable métaphysique sur notre condition humaine ». Éliette Abécassis. Paris Match. « Une parenthèse de grâce arrachée au malheur. » Le Nouvel Observateur. « C’est follement bien. » Le Parisien. Pierre Vavasseur.
  • La Consultation. Lattès. 2005
L’histoire de Julien, fils mal aimé, qui se débat dans son existence, entre sa maladie qui n’a rien d’imaginaire, sa famille oppressante et ses amours manqués. « L’écriture est un voyage intérieur et l’auteur qui est aussi médecin, nous offre un livre tressautant dont le pessimisme actif est euphorisant. » Marc Dugain. Le Figaro.
L'histoire de Scott Hatford, un adolescent vivant à Phoenix, en 1962, entre un amour maternel absolu et la violence sans bornes d'un père revenu brisé de la guerre.
  • Albert Einstein. Gallimard. Folio. 2008
« Dans cette biographie qui se lit comme un roman, Seksik nous fait découvrir un homme inclassable, révolutionna le monde moderne…. Relativement génial ! » Nicolas Rey. VSD. « Une biographie très fouillée, écrite avec talent. » Albert Sebag. Le Point.
« Le roman relate l'exil brésilien de Stefan Zweig et les 6 mois qu'il y passa avec sa femme, de septembre 1941 à février 1942, avant le suicide du couple. » Le roman reste sur la liste des meilleures ventes de l'Express pendant trois mois. Il est dans la dernière sélection du prix Marie-Claire, du prix Landernau, du prix Joseph Kessel, du prix Orange, des Globes de Cristal de France Télévision, du Grand Prix des Lectrices de Elle. Il obtient le Prix Baie des Anges 2010. - Prix des Lecteurs Impact Médecine 2010
  • Le Cas Eduard Einstein. Flammarion. 2013

revue de presseliberation
  • En 1949, Albert Einstein répond à l’écrivain Max Brod qui s’offusquait des erreurs colportées sur l’un de ses livres : «Comment pouvez-vous prendre cela au sérieux ? On a déjà publié tant de mensonges éhontés et d’histoires complètement fausses à mon sujet que je serais depuis belle lurette dans la tombe si j’y avais prêté attention».

    Laurent Seksik nous donne dans le Cas Eduard Einstein, publié chez Flammarion, sa version de la triste histoire du fils schizophrène d’Albert Einstein. Un bon roman se laisse déguster comme du bon vin et l’écrivain nous offre là un excellent millésime.
    L’ancien interne en psychiatrie Seksik s’est donc mis utilement dans la peau d’Eduard. Il se fait l’ambassadeur d’un fils fragile trop souvent oublié, submergé par l’ombre de son père : «Il n’y a pas de place dans ce monde pour un autre Einstein»clame le fils.
    La plongée dans l’esprit torturé du fils d’Einstein est convaincante et on sent un travail bien mené sur la maladie psychiatrique et ses pesanteurs. Après tout un «fou» est une personne dont on n’a pas réussi à déchiffrer l’alphabet, la raison cachée et les souffrances secrètes. Le rythme de la narration est trépidant et dans un dialogue polyphonique, on valse d’une voix à l’autre, celle de la première femme d’Einstein, Mileva, toute dévouée à son fils malade, celle d’Eduard qui vacille dans la folie et enfin celle du père Albert Einstein tout à la fois désemparé, triste et distant à l’égard de son rejeton. Tous les ingrédients de la tragédie sont là. Lorsque les inventions de Seksik servent à compléter ce qu’on connaît déjà sur la famille de l’illustre physicien, il fait parfaitement son job de romancier talentueux.
    Mais lorsqu’un «expert» einsteinien débarque dans le roman et trébuche sur des vérités assommées ou à demi-agonisantes, il pousse des petits cris d’orfraie. Rien de bien émouvant me direz-vous ! De toute évidence le «roman» de Seksik puise sa matière première dans les mines de la tragique réalité, celle de la «vraie» histoire d’Eduard Einstein, né en 1910 et mort en 1965. La photo de couverture, datée de 1933, présente d’ailleurs Einstein et son fils à la clinique de Burghölzli en Suisse lors de leur toute dernière rencontre. De quoi accréditer le fait qu’on va bien parler de la «véritable» histoire et non proposer au lecteur un thriller psychologique totalement ancré dans la fiction. Mais du coup, peut-on se cacher derrière l’étiquette «roman» pour justifier les descriptions fantaisistes d’un être qui a vraiment existé ?
    Le doute se confirme lorsqu’on regarde des plus près des détails apparemment authentiques. Ainsi ni la date de naissance d’Eduard, ni celles du mariage d’Einstein ou du baptême des deux rejetons en Serbie, ne sont correctes. Franchement, rien de bien grave. L’auteur a peut-être été un peu inattentif ou simplement distrait. Mais les «faits» douteux se multiplient. En poursuivant la lecture, on tombe sur un bien plus gros «pépin» quand le Docteur Seksik fait subir au fils Einstein à partir de 1930 des «cures d’électrochoc» au point que «Mileva ne préfère plus compter les séances». Cette technique, souvent considérée comme une torture, n’a pourtant fait son apparition qu’à la toute fin des années 30 et la clinique de Burghölzli, où était interné régulièrement Eduard, ne l’a pas utilisée avant 1940. Cet anachronisme est gênant car dans ce cas Seksik ne se contente pas d’inventer une histoire possible, une invention qui pourrait combler les faits ignorés, mais tombe dans une «fiction dépourvue de science». Or tout laisse croire qu’il s’agit d’un «roman vrai» faisant appel aux informations concernant la famille Einstein.
    Soyons francs, déjà de son vivant, Albert Einstein a choisi de glisser sur les mensonges, les erreurs et les légendes car il a compris qu’il ne servait à rien de contrer l’hystérie pathologique qui entourait sa personne. Du coup, de biographies en biographies, des histoires fantaisistes se propagent qu’elles soient le fruit de faits embellis ou de pures inventions. Ainsi, la plupart des biographes, et dans notre cas Seksik, puisent dans des livres comme celui du gendre d’Einstein Dimitri Marianoff (Einstein : an Intimate Study of a Great Man, 1944), ou celui d’Antonina Vallentin (Le drame d’Albert Einstein, 1954). Concernant cette dernière, Einstein écrit fin décembre 1954 : «l’auteur ne me connaît que superficiellement et ce qu’elle dit de moi n’est pour l’essentiel que pure invention.» L’influence bien palpable dans le récit de Seksik de l’ouvrage controversé de Desanka Trbuhovic-Gjuric sur Mileva pose également problème. Les auteurs de ces livres remplacent en partie les faits historiques par des affirmations extravagantes. Peut-on blâmer Seksik de n’en avoir rien su ?
    Toujours est-il qu’il débute son «roman» avec l’internement d’Eduard en 1930 alors que la correspondance de la famille, accessible aux Archives Einstein de Jérusalem et citée dans maintes publications depuis les années 1990, démontre que le fils cadet d’Einstein se portait bien à cette époque. En réalité, son premier internement date de l’automne 1932 et Eduard n’a pas passé «la moitié de son existence» à végéter dans la clinique psychiatrique de Burghölzli comme nous le fait croire Seksik. D’après le dossier de tutelle, disponible aux archives municipales de la ville de Zurich, ses séjours cumulés ne dépassent pas quatorze ans.
    Dans ce contexte, est-il opportun d’évoquer la triste légende, reprise par Seksik, de la mort du petit-fils d’Einstein, Klaus, qu’il impute à l’adhésion de ses parents à une secte dont les membres refusent tout traitement autre que la prière ? Hans-Albert Einstein et sa femme n’étaient pas des illuminés. Un livre à paraître de R. Ettema et C. F. Mutel sur Hans-Albert confirme que le médecin a diagnostiqué un simple rhume avant de s’apercevoir trop tard de la diphtérie du garçon.
    L’histoire autour de la petite Lieserl, effectivement née en 1902, objet d’innombrables recherches largement publiées et discutées depuis des années, n’est pas plus vraie que la précédente. Seksik a-t-il été négligent dans le traitement de certaines informations ou bien a-t-il délibérément choisi l’invention de certains faits et dans quel but ? En espérant que le talentueux Laurent Seksik me pardonne de lui avoir ainsi gentiment volé dans les plumes…
    (Merci à Barbara Wolff, des Archives Einstein de Jérusalem, qui m’a aidé à trouver mon chemin à travers la jungle des mythes.)
    Dernier ouvrage paru : «Einstein dans la tragédie du XXsiècle», Imago, 2013. - Par Simon Veille Historien et journaliste

DrapeauBlason de Zurich Suisse - Zurich

6 commentaires:

  1. cela donne envie de se laisser tenter!
    Bonne journée!

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    1. n'hésites pas Eimelle, gros coup de ce pour ce livre.
      bonne nouvelle année,
      bises

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  2. Je n'ai pas lu le roman et il ne me tente guère mais en revanche l'article de Libé est bien fait. Il détaille bien les rapports complexes en histoire et fiction sans condamnation du romancier pour erreur ou fausseté, il interroge, c'est bien.

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    1. oui, bien d'accord avec toi, très bon article.
      Deuxième livre sur Einsten que je lis cette année, et celui-ci est vraiment le meilleur.
      Par contre, celui sur Freud, de Goce Smilevski ne m'a pas plu.
      bizarre les tentations, parfois on regrette de les avoir eues...
      joyeuses fêtes de fin d'année,
      bises Nathalie

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  3. Ma soeur l'a offert à maman pour Noël. Je compte bien lui emprunter....

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    1. et bien Alex, j'espère que tu auras autant de plaisir à le lire que mo.
      bises

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