- 384 pages
- Editeur : CAIRN (12 septembre 2012)
L'envoûtant Cacao nous entraîne sur la route du chocolat du :Mexique à Bayonne, en passant par l'Espagne et Saint-Domingue.
Lune, la belle héroïne, tient à Bayonne les rênes des négoces de son grand-père, le chocolatier David Alvarez, descendant de marranes réchappés de l'inquisition espagnole.
Mais un jour de 1761, les autorités de la ville défendent aux Juifs de faire du chocolat. Piqués au vif, Lune et David décident de prouver à tous que leurs ancêtres ont été les premiers a apporter en 1609 le secret du chocolat en France.
C'est le début d'un voyage dans les méandres de l'Histoire de l'humanité, sur les traces des conquistadores espagnols, à travers les mers des Caraïbes et les souvenirs enfouis.
lecture de mars 2014
excellent - passionnante fresque familiale autour du commerce du cacao, importé en France à Bayonne par les "portugais" (nom donné aux juifs fuyant les persécutions d'Espagne).
Comme d'habitude, Michèle Kahn nous donne un roman historique flamboyant, avec des sources très documentées, très intéressantes, et une délicate saga familiale pleine de mystères.
Encore une excellente lecture qui donne envie de lire aussitôt un autre livre de l'auteur ! D'ailleurs, le prochain dans ma pal est La Clandestine du voyage de Bougainville ; qui sera le dernier livre du mois de mars.
Comme d'habitude, Michèle Kahn nous donne un roman historique flamboyant, avec des sources très documentées, très intéressantes, et une délicate saga familiale pleine de mystères.
Encore une excellente lecture qui donne envie de lire aussitôt un autre livre de l'auteur ! D'ailleurs, le prochain dans ma pal est La Clandestine du voyage de Bougainville ; qui sera le dernier livre du mois de mars.
un peu d'histoire...
Originaire d'Amérique, le cacaoyer est donc inconnu ailleurs dans le monde jusqu'au xvie siècle.
José de Acosta, un missionnaire jésuite espagnol qui vécut au Pérou puis au Mexique à la fin du xvie siècle, écrit :
« Détestable pour ceux qui n'ont pas l'habitude d'en consommer, tout en ayant une mousse ou une écume qui a très mauvais goût. Oui, c'est une boisson très estimée parmi les Indiens, dont ils régalent les nobles qui traversent leur pays. Les Espagnols, hommes et femmes, qui sont habitués au pays, sont très friands de ce chocolat. Ils disent qu'ils en font différents types, certains chauds, certains froids, certains tempérés, et mettent dedans beaucoup de ce « piment » ; ils en font une pâte, laquelle, disent-ils, est bonne pour l'estomac et pour lutter contre lerhume. »
En 1494, Christophe Colomb jette par-dessus bord les fèves qu'il avait reçues des Amérindiens. Il les aurait prises pour des crottes de chèvre. C'est donc plus tard, en juillet 1502 sur l'île de Guanaja, qu'il découvre pour la première fois la boisson chocolatée.
Les colons espagnols n'apprécient cette boisson amère aux épices piquantes que lorsque les religieuses d’Oaxaca l'édulcorent et l'aromatisent avec du miel, du sucre de canne, du musc et de l’eau de fleur d'oranger.
Ce n'est qu'à partir de la conquête des Aztèques par les Espagnols que le chocolat est importé en Europe où il devient rapidement très prisé à la cour d'Espagne. Hernán Cortés découvre le breuvage chocolaté en 1519. Il est le premier (en 1528) à en rapporter en Europe, à ses maîtres d'Espagne : cette boisson amère, écumeuse et poivrée retient alors l'attention lorsqu'on y ajoute de la vanille et du miel. Dès le xviie siècle, le chocolat devient une ressource très appréciée de l'aristocratie et du clergé espagnol. Son commerce s'étend alors aux autres colonies espagnoles comme les Pays-Bas espagnols.
L'arrivée du chocolat en France a commencé avec l'exil des juifs séfarades ou marranes d'Espagne en 1492 puis du Portugal vers 1536, fuyant l'Inquisition et venus se réfugier dans l'Hexagone en transportant le chocolat dans leurs valises. De nombreux marranes s'installent notamment dans le quartier Saint-Esprit de Bayonne après 1609, ces premiers entrepreneurs du chocolat au Pays basque sont à l'origine de l'introduction du chocolat en France.
La première expédition commerciale pour l'Europe (entre Veracruz et Séville) daterait de 1585. Le chocolat est alors toujours servi comme boisson, mais les Européens ajoutent du sucre et du lait pour neutraliser l'amertume naturelle ; ils remplacent le piment par de la vanille.
Pour faire face à la forte demande pour cette nouvelle boisson, les armées espagnoles commencent à réduire en esclavage les Mésoaméricains pour produire le cacao, une activité économique à part entière se développe. Cependant ce produit d'importation reste très cher, seuls les membres de la famille royale et les initiés peuvent en boire.
En parallèle, dans le nouveau monde, la consommation de cacao est très répandue chez les missionnaires et conquistadores. Deux développements permettent de réduire encore le prix : la généralisation de la culture dans les colonies de la canne à sucre et l'utilisation de main-d'œuvre africaine dans ces exploitations.
À la même époque, la situation est différente en Angleterre où n'importe qui, avec suffisamment d'argent, peut en acheter. À Londres, la première chocolaterie ouvre en 1657. En 1689, l'éminent médecin et collectionneur Hans Sloane développe une boisson lactée au chocolat en Jamaïque qui est dans un premier temps utilisée par les apothicaires, mais vendue plus tard aux frères Cadbury.
La boisson reçoit un encouragement officiel en France par les reines françaises, infantes d'Espagne, Anne d'Autriche et Marie-Thérèse d'Autriche ou par les médecins qui après avoir jugé la boisson néfaste, en vantent les bienfaits, tel Nicolas de Blégny qui rédige en 1662 Le bon usage du thé, du caffé et du chocolat pour la preservation & pour la guérison des maladies. La France découvre en 1615 le chocolat à Bayonne à l'occasion du mariage d'Anne d'Autriche, fille du roi d'Espagne Philippe III avec le roi de France Louis XIII. Mais c'est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d'Autriche qui font entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles, la reine se faisant préparer par ses servantes le chocolat « à l'espagnol ». La marquise de Sévigné dit du chocolat, dans ses Lettres, qu’« il vous flatte pour un temps, et puis il vous allume tout d'un coup une fièvre continue ». Le chocolat est alors consommé chaud sous forme de boisson comme le café. Seule la cour du roi avait accès à cette boisson.
Comme pour les boissons exotiques que sont le thé ou le café, l'Église se pose la question de savoir s'il s'agit d'un aliment ou d'une source de plaisir. En 1662, la sentence du cardinal Francisco Maria Brancaccio Liquidum non frangit jejunum (la « boisson — y compris le chocolat — ne rompt pas le jeûne ») tranche les débats théologiques : le chocolat est déclaré maigre, pouvant même être consommé pendant le Carême. - wikipédia.
Installée dans les ports d'Amsterdam, Bayonne ou Livourne, sur côte toscane d'Italie, la diaspora juive chassée d'Espagne a la capacité d'importer du cacao, grâce à ses réseaux commerciaux. La consommation en Europe est alors surtout réservée aux voyageurs, comme l'italien Antonio Carletti en 1616, aux têtes couronnées et surtout aux pharmaciens, comme l'allemand Johan Georg Volckammer, qui le découvre en Italie en 1641. En 1559, quatre navires corsaires de Bayonne et Saint-Jean-de-Luz pillèrent Puerto Caballos, au Honduras.
En France, le 28 mai 1659, Mazarin accorde un monopole de 29 ans, à l'officier toulousain de la Reine, David Chaillou, qui tient boutique au coin de la rue de l'Arbre-Sec et de la rue Saint-Honoré, près de la « Croix-du-Tiroir » à Paris. Ce monopole fut remplacé par une lourde taxation, qui découragea le chocolat en France, malgré l'enthousiasme de madame de Sévigné : « J'en ai pris hier pour me nourrir afin de jeûner jusqu'au soir. »
La production repose sur les premiers entrepreneurs du chocolat au Pays basque, installés à Saint-Esprit, aux portes de Bayonne, sur les bords de l'Adour, où les registres paroissiaux de baptême mentionnent en 1687 « un habitant de Saint Esprit, faiseur de chocolat », et à Cambo-les-Bains. Entre 1710 et 1720, s'installent à Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, des basques espagnols de Saint-Sébastien, Azpeitia, Urdax et Ainhoa, qui s'appellent Ezcura, Amitsarobe, Istillart, et Latamendia. Les relations sont suivies avec les autres communautés séfarades, dont la plus importante vit à Amsterdam. Les juifs de Bayonne, expulsés en 1597, s'étaient installés à Saint-Esprit, sur l'autre rive de l'Adour, ou à Amsterdam.
Les rabbins de Bayonne composent des livres en espagnol, dans la clandestinité, comme Historia Sacra Real d’Yshak de Acosta, en 1691. En 1684, M. de Riz, intendant, obligea 93 familles juives à sortir du royaume. Le 23 août 1691, les échevins rendirent une ordonnance interdisant aux juifs portugais de Saint-Esprit de faire des acquisitions à Bayonne. Vers1723, un recensement de Saint-Esprit dénombre 1 100 juifs et 3 500 français, principalement actifs dans le sel, la colle et le chocolat.
La diaspora du cacao regroupe aussi des anglais venus en 1651 et 1659 à Curaçao, ou des italiens Granas originaires de la ville toscane de Livourne, appelée Leghorn en hébreu, nom également donné à une ville de Curaçao d'où partent les fondateurs de Tucacas, au Venezuela en 1693. L'Italie et le Pays basque seront ainsi reliés au cacao vénézuélien, avec au siècle suivant des cargos de cacao pour Bilbao et Livourne. - wikipédia.
voir :
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Au moment où Christophe Colomb découvre l'Amérique, l'Inquisition sévit dans la péninsule ibérique et des Juifs, quittant l'Espagne et surtout le Portugal, s'installent à Saint-Esprit. Ils importent le chocolat en France.
Une vraie plongée historique.
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