vendredi 14 février 2014

Michèle Maillet - L'étoile noire


  très bien
  •  230 pages
  • Editeur : Oh ! Editions; Édition : Oh ! Editions (24 février 2006)
Bordeaux, 1943, une rafle, Sidonie et ses jumeaux âgés de cinq ans sont arrêtés : ils sont noirs et vont être déportés. C'est dans l'angoisse et la puanteur du train que commence le long voyage qui mènera Sidonie et ses enfants jusqu'à Auschwitz. 
A leur arrivée au camp, Désiré, son fils, lui est enlevé - il va chez les hommes ; sa fille, elle, mourra. 
Sidonie est ensuite déportée à Ravensbrück. Elle lutte contre la souffrance et la folie en puisant dans ses racines martiniquaises. Dans ce camp où tout est horreur, Sidonie invoque la mémoire de ses ancêtres africains, esclaves et révoltés, qui ont survécu à des siècles d'oppression. Elle prie Agénor, un dieu qu'elle s'invente, qui lui donne force et courage. Elle, si fière de ne s'être jamais senti une esclave, combat de toutes ses forces. Michelle Maillet aborde le sujet de la déportation des Noirs pendant la Deuxième Guerre mondiale. 
Un sujet peu connu qu'elle traite magistralement. L'Etoile noire est un livre poignant, empreint de poésie, prônant l'amour et la tolérance. L'Etoile noire est le premier roman de Michelle Maillet.

La plume au féminin chez OpalineMichèle MAILLET est une ancienne speakrine. 

Après cette expérience de 4 ans, elle s’est investie au théâtre en tant que comédienne, et à la télévision pour la réalisation et la production d’émissions. 

Elle participe notamment à de nombreuses manifestations culturelles, telles que le Salon du Livre de l’Outre Mer en octobre 2004 à Paris, et élans humanitaires, car engagée dans la lutte contre le SIDA.


Premier roman chez Fattorius lecture de janvier 2014
Prix LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) de 1990

 très bien - Fait peu connu de l'histoire du nazisme, la déportation des noirs en camps de concentration. En fait, c'est la première fois que j'en entends parler de cette façon, bien que croisé déjà dans le livre de Didier Daeninckx : Galadio.
Une histoire émouvante, un destin de femme luttant pour sa survie et celle de ses enfants. un superbe roman.

Des Noirs dans les camps de la mort

« Pourquoi m’a-t-on arrêté ? Beaucoup, ici, portent une étoile jaune sur leur vêtement. Moi aussi je devrais en porter une, non pas jaune, mais noire. Cette étoile-là n’existe pas, je le sais, mais je sens que je fais partie de la même catégorie humaine que tous ceux qui sont ici », se questionne Sidonie. Dans ce roman, la jeune femme personnifie la condition des Noirs, qui après avoir subi des années d’oppression et d’esclavage se retrouvent à nouveau esclave et sous-homme. Un passé tragique qui ressurgit pour lier, au plus profond de leur être, Juifs et Noirs. Ce destin commun les réunit dans le convoi menant à Auschwitz, avec cette image de Sidonie donnant à boire à la petite Rachel.

Peu connu et surtout occulté dans les livres d’histoire, la déportation des Noirs est un fait avéré. Les premières déportations se sont portées sur les Noirs, originaires des anciennes colonies du Reich qui vivaient en Allemagne avant la guerre. Près de 24 000 personnes furent déportées à cause de leur couleur de peau. Puis Hitler et ses théories racistes et eugénistes arrivent au pouvoir. Dans la lignée de Mein Kampf et de la ségrégation raciale qu’il prône, il envoie de nombreux Noirs finir leurs jours dans les camps de concentration. Français, Allemands, Américains, certains d’entre eux, capturés sur le champ de bataille ont été expédiés dans les camps de concentration.

« Nous ne faisons que continuer l’œuvre civilisatrice que les Français, les Anglais, les Espagnols, les Portugais et les Hollandais ont mise en place bien avant nous et qu’ils ont été incapables d’achever. Ils ont déportés des millions de Noirs pour avoir une main d’œuvre gratuite et renouvelable. Ils avaient compris qu’il y a des races qui sont faites pour commander les autres. Ce sont eux les auteurs du terme « sous-homme ». Mais nous, nous avons la solution finale », énonce la Blockwa SS qui a en charge le Block de Sidonie. On estime qu’il y aurait eu plusieurs milliers de déportés Noirs pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’Afrique et l’écriture pour s’évader

Face à cette vie qui se veut déshumanisante, Sidonie, pour survivre, s’invente un univers. Dans ces camps où l’horreur vagabonde et la mort rôde, elle combat la solitude et la peur qui la ronge par les souvenirs de sa terre. Des pensées qui la tiennent en vie. Ainsi, tout au long du livre est mis en parallèle sa vie dans le camps et des images de la Martinique où elle a passé son enfance. Son âme crie l’Afrique : « Je sens déferler dans mes veines l’Afrique interdite, ignorée et bafouée ». 

Son seul patrimoine : des images, des rêveries, mais aussi le souvenir de ses ancêtres africains qui se sont battus pour leur liberté. Et le passé refait surface : « Le tatouage, c’est pour aujourd’hui. Retour à l’esclavage. Plus de nom, plus de prénom, plus de surnom : un chiffre. Un nouveau baptême. Un baptême déjà connu aux Antilles »
Sidonie parle de cette résistance « noire et sauvage » qui vit en elle et qu’elle nomme : « la mère Afrique », en souvenir de ce continent qui subit la servitude. Elle a aussi trouvé Agénor : « Un Dieu pour chacun : c’est notre seule issue pour sortir d’ici. »
L’écriture est aussi un moyen pour continuer de vivre. Sidonie rédige son journal dans un petit carnet de moleskine qu’elle conserve précieusement. Ce carnet, c’est son refuge face à la folie qui l’entoure. « Quelqu’un qui écrit, c’est quelqu’un qui s’évade »

Ecrire, c’est aussi un moyen de laisser une trace, de témoigner de ce qu’elle a vu : « Il faut que j’écrive avec le cœur pour ceux qui me liront avec le cœur ». Mais la vie dans les camps est éphémère comme les feuilles de ce carnet qui s’épuise inexorablement. « Mon trésor de papier diminue à chaque ligne ajoutée. Et j’ai tant à dire... » Une histoire captivante pleine de poésie. Un témoignage bouleversant qui prône le respect de la différence et la tolérance. Les mots ne peuvent pas toujours décrire toute l’abomination vécue par ces familles noires déportées, mais ils laissent une trace pour les générations futures. 

« Michelle Maillet, note Simone Veil dans la préface, en décidant d’écrire L’Etoile noire et de faire vivre à Sidonie, noire et antillaise, cet enfer qui fut le nôtre, délivre une superbe leçon d’intelligence et d’humanité ». Une étoile noire pour ne pas oublier... - afrik


DrapeauAllemagne nazie
  1.  100 livres, chez Mylène 
  2. XXe siècle, chez TÊTE DE LITOTE
  3. challenge histoire, chez lynna
  4. challenge "Seconde Guerre Mondiale", chez Eimelle

  5. Le challenge « Premier roman » initié par Anne est repris par Fattorius
  6. challenge "à Tous Prix" de Asphodèle 
  7.  La Plume au féminin chez Opaline
  8. DESTINS DE FEMMES, chez Cyriel 
  9. tour du monde en 8 ans, chez Helran


2 commentaires:

  1. Bonsoir ! Juste un petit mot pour dire que le challenge portant sur la seconde guerre mondiale avait lieu chez moi et non chez Eimelle qui avait gentiment relayé l'info sur son blog ! Pour s'inscrire c'est ici :

    http://lukealivres.canalblog.com/archives/2014/02/09/29160186.html

    A bientôt !

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  2. Voilà un sujet intéressant et qui a l'air bien traité.

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