mercredi 27 août 2014

Sofi Oksanen - Purge

 408 pages -  excellent
  • Editeur : Stock; Édition : Stock (25 août 2010) - Collection : La cosmopolite

  • Premier roman chez FattoriusEn 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes. 
    Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. 
    Sofi Oksanen s’empare de l’Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d’Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ? 
    Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.

  • les anciens sont de sortie lecture d'août 2014
  •  excellent - Du stalinisme le plus étouffant au postcommunisme le plus avilissant, Purge plonge les mains dans le sang poisseux et glacial qui fut versé en Estonie, ancienne république de l'URSS dont la mère de l'écrivain est originaire.
  • En raison de problèmes familiaux, je manque de temps pour lire autant que j'aimerais et encore plus pour me lancer dans des commentaires. désolée.


    • Purge [« Puhdistus »] (trad. Sébastien Cagnoli), Paris, Éditions Stock, coll. « Nouveau Cabinet Cosmopolite »,‎ 2010, 408 p.- 9e prix du roman Fnac - Prix Femina étranger -Prix du livre européen 2010
    • Les Vaches de Staline [« Stalinin lehmät »] (trad. Sébastien Cagnoli), Paris, Éditions Stock, coll. « Nouveau Cabinet Cosmopolite »,‎ 2011, 528 p. 
    • Quand les colombes disparurent, [« Kun kyyhkyset katosivat »], trad. Sébastien Cagnoli, Paris, Éditions Stock, coll. « Nouveau Cabinet Cosmopolite », 2013, 408 p.
  • *

  • "Purge" : les archives vivantes de Sofi Oksanen

  • C'est un livre venu du Nord. Un ouvrage à propos duquel les critiques semblent unanimes : "Si l'on devait n'en lire qu'un cette année, ce serait celui-là." Ironie de la situation, ce roman s'appelle Purge. Mais il paraît qu'en finnois, la langue de l'auteur, ce mot n'a aucunement le sens - d'ailleurs vieilli - de punition. "Puhdistus, c'est tout ce qui est lié à l'action de nettoyerexplique Sofi Oksanen. Nettoyer,laverépurerdésinfecter... mais aussi purifier ethniquement, purger au sens de Staline..."
    Best-seller dans les pays nordiques, Purge est en effet une potion décapante préparée par une ensorceleuse de 33 ans qui frappe d'abord par son allure. Mi-divinité gothique, mi-fée Carabosse, Sofi Oksanen a la bouche fardée de mauve, les mains peintes au henné et la tête encadrée d'immenses dread-locks roses et noires dégringolant jusque sur ses reins. Née à Jyväskylä, à 270 km au nord d'Helsinki, d'une mère estonienne et d'un père finlandais, elle a d'abord étudié la littérature puis la dramaturgie, avant de s'essayer à l'écriture. "Aussi curieux que cela puisse paraître, mon premier livre, Les Vaches de Staline, combinait boulimie et histoire soviétique, explique-t-elle. Dans le deuxième, Baby Jane, je me suis intéressée aux attaques de panique et aux désarrois de la "génération Prozac". Ce qui m'attire avant tout, ce sont les destins bâillonnés, les personnages muets, les histoires tues. S'approcher du non-dit et tenter de l'articuler, n'est-ce pas l'essence même de l'écriture ?"
  • Du dégoût silencieux, de l'expiation rageuse, on en trouve à chaque page de Purge(qui vient de recevoir le Prix du roman Fnac). Or, tout l'art de Sofi Oksanen consiste à s'en approcher lentement afin que ses deux protagonistes, Zara et Aliide, finissent par s'avouer à elles-mêmes les violences dont elles ont été victimes et qui ont fait de leur corps un objet de honte à vie.

  • Archive vivante
    La première, Zara, a quitté Vladivostok peu après la chute de l'URSS et, attirée par la perspective de gagner de l'argent à l'Ouest, s'est laissé entraîner, à Berlin, dans le trafic de femmes et la prostitution. Aliide, la seconde, de deux générations plus âgée, a été surprise en train de cueillir des champignons peu après la seconde guerre mondiale, accusée d'apporter "de la nourriture à des bandits", violée par"un homme aux bottes de cuir chromé", et jetée dans un fossé.
    En 1992, un an après l'indépendance de l'Estonie, Zara, fuyant son souteneur, vient s'échouer dans le jardin d'Aliide, en Estonie occidentale, et implore sa protection. Aliide est alors envahie par la terreur de la jeune femme, comme si son corps était une archive vivante : "Bon sang, comment se souvenait-il (son corps) de cette angoisse, s'interroge-t-elle. Comment s'en souvenait-il si bien qu'il était prêt à la partager dès qu'il l'apercevait dans les yeux d'une inconnue ? " Dans la suite du roman, il sera question de jalousie entre soeurs, de collaboration pendant la guerre, d'amour caché, d'une photo recouverte de pelures d'oignon, de dénonciations arbitraires, d'ennemis du peuple, d'arrestations, de secret de famille- ne soyons pas trop précis, la qualité du suspense tient justement à la lente distillation des informations... En tout cas, ce qui lie les personnages d'Oksanen et fait le socle de son livre, c'est ce couple peur-honte et tout ce qui gravite autour, faute, culpabilité, rédemption... On dirait, pense Aliide, qu'elles - la peur et la honte - ne se sont "jamais absentées ". Qu'elles sont "justes allées se promener et que le soir venu, elles rentrent à la maison".
  • Pour purger ces abcès qui purulent en secret comme des rivières souterraines, Sofi Oksanen a lu tout ce qu'elle a pu trouver sur le viol en temps de conflit. "Les victimes présentent toutes le même genre de traumatismes, souligne-t-elle. Elles se lavent sans arrêt, le corps, les mains, et évitent de regarder les autres dans les yeux... C'est pour ça qu'au début j'avais conçu Purge comme une pièce de théâtre. Le théâtre vous force à regarder en face ce qui est fait pour rester caché."
    Métaphoriquement, l'auteur veut aussi "laver" l'honneur perdu des petits pays baltes successivement occupés par l'Armée rouge, conquis par les 
  • Allemands, repris par les Russes, méprisés par Moscou et désormais négligés par les Européens de l'Ouest. Pour cela, elle a fouillé les archives d'anciens officiers du KGB, "des déserteurs qui, à la fin de l'occupation soviétique, n'avaient pas détruit leurs archives". Résultat : son roman agit un peu comme le film de Florian Henckel von Donnersmarck, La Vie des autres. Il inquiète, il dérange, il captive... Bref, il ne s'oublie pas. - le monde


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