samedi 5 octobre 2013

revue de presse : Prix Nobel de littérature : derniers pronostics


Le Japonais Haruki Murakami, les Américains Philip Roth, Joyce Carol Oates, le Syrien Adonis, l'Algérienne Assia Debar et le Kenyan Ngugi wa Thiong'o figurent parmi les favoris à une semaine de la remise du prix Nobel.

Récompenser Joyce Carol Oates permettrait aux jurés suédois de faire coup double: d'une part en reconnaissant l'impact évident de la littérature américaine sur la scène internationale ; d'autre part de faire remonter un peu une statistique accablante pour ces messieurs du jury.

Première incertitude, la date. Si le prix Nobel de littérature est toujours décerné un jeudi, rien n'oblige son jury à se caler sur la semaine des Nobel qui commence lundi 7 octobre avec le Nobel de médecine et s'achève le vendredi 11 avec le Nobel de la Paix. Si le consensus existe sur le nom du lauréat, comme c'est le plus souvent le cas, on devrait connaître son nom jeudi 10 octobre. Si les débats sont trop vifs et l'issue incertaine, les jurés peuvent se laisser une semaine de plus pour se décider.
Un an après le sacre du Chinois Mo Yan, les bookmakers, comme l'an dernier, voient l'écrivain japonais Murakami l'emporter. On leur objectera qu'en dehors du continent européen, il est très rare que deux auteurs d'une même zone géographique reçoivent le prix deux années de suite. 
Comme le continent Nord-Américain n'a plus été à la fête depuis vingt ans et le sacre de Toni Morrison, on peut légitimement croire aux chances d'un Philip Roth qui vient de fêter ses 80 ans après avoir annoncé son intention de ne plus publier de fiction ou d'une Joyce Carol Oates, de cinq ans sa cadette. Récompenser cette dernière permettrait aux jurés suédois de faire coup double: d'une part en reconnaissant l'impact évident de la littérature américaine sur la scène internationale ; d'autre part de faire remonter un peu une statistique accablante pour ces messieurs du jury.
Au palmarès du prix ne figurent en effet, en plus d'un siècle, que douze noms d'écrivains femmes! Si Oates n'était pas l'élue, ce pourrait être la discrète Canadienne Alice Munro, considérée comme le meilleur auteur de nouvelles au monde.Jean-Marie Gustave Le Clézio ayant été couronné en 2008, il y a peu de chances que la France soit de sitôt récompensée. Si ce devait être le cas, le nom du poète Yves Bonnefoy serait sans doute le plus crédible. Une hypothèse que les bookmakers ne retiennent pourtant pas.
Ils croient davantage aux chances d'un écrivain issu du continent africain. Ils citent ainsi dans les favoris le nom de l'écrivain Kenyan Ngugi wa Thiong'o. À 75 ans, celui dont la carrière remonte à 1963, avec la pièce de théâtre The Black Hermit et compte de très nombreux titres, de fiction et non-fiction, pourrait créer la surprise. Son profil a tout pour plaire aux jurés suédois. Opposant marxiste de longue date au pouvoir kenyan en place, il décida en 1967, après la parution d'A Grain of Wheat, de renoncer à écrire en anglais, de rejeter le christianisme et de changer son nom de baptême, James Ngugi pour adopter un nom kikuyu, Ngugi wa Thiong'o. Arrêté et emprisonné à la fin des années 70 sur ordre du pouvoir kenyan, il écrivit pendant sa détention, sur des feuilles de papier toilette, Devil on the Cross, considéré comme le premier roman moderne écrit en Kikuyu. Sa famille et lui durent ensuite s'exiler pour des raisons de sécurité.
En 1992, il devint professeur de littérature comparée à l'Université de New York. Ses derniers écrits sont des essais sur l'importance des langues africaines dans la résurgence de la mémoire africaine et deux volumes autobiographiques. Il y a quelques jours, l'apparition de son nom chez les bookmakers fut suivie d'une hausse considérable des paris ce qui obligea le site principal Ladbrokes à suspendre les opérations en cours. Il se murmure que des fuites de Stockholm seraient à l'origine de ces votes aussi soudains que massifs. La tension politique au Kenya pourrait pousser l'Académie royale de Suède à honorer un intellectuel d'envergure qui écrit régulièrement dans la presse internationale.
Si l'on privilégie l'hypothèse d'un Nobel «politique», alors il faut aussi envisager les candidatures sérieuses du poète syrien Adonis, donné pour favori depuis de longues années et celle de l'écrivain essayiste israélien Amos Oz. Sinon, rien n'interdit d'imaginer le couronnement d'un auteur important et strictement littéraire comme le Hongrois Peter Nadas, l'Italien Claudio Magris, le Néerlandais Cees Nooteboom ou l'immense portugais Antonio Lobo Antunes.

2 commentaires:

  1. JC Oates me titille, j'en entends souvent parler et toujours en bien ...
    bises annie

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    1. bonne soirée Fersenette,
      seulement lu "La fille du fossoyeur", vraiment bien.
      Je connais mieux Roth ou Amos Oz.
      Mais les suédois semble bouder Roth depuis des années.
      Espérons pour Oates, depuis le temps qu'une femme n'a pas été récompensée.
      bises

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