mercredi 9 octobre 2013

revue de presse : Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature ?


L'écrivaine et journaliste biélorusse, qui présente le double avantage d'être une femme et une figure politique, fait partie des favoris des parieurs.


 Réunion de l'académie Nobel à Stockholm, en 2011. Photo d'illustration.
Réunion de l'académie Nobel à Stockholm, en 2011. Photo d'illustration. © HENRIK MONTGOMERY/AP/SIPA

Les parieurs sont des gens têtus. Haruki Murakami était leur Nobel de littérature en 2012 ? Peu importe que le Chinois Mo Yan lui ait été préféré par l'académie suédoise, le Japonais sera consacré cette année. À 24 heures de l'annonce, l'auteur de 1Q84 tient en effet la corde sur les sites de pari en ligne. Derrière lui,ladbrokes.com, spécialiste du genre, donne la Canadienne Alice Munro, la Biélorusse Svetlana Alexievitch et l'Américaine Joyce Carol Oates. Il est vrai que les trois derniers lauréats étaient des hommes, et que le jury veille, depuis les années 90, à rendre peu à peu la place qu'elles méritent aux femmes de lettres, dont 12 seulement ont été récompensées depuis 1901.
Svetlana Alexievitch a cet avantage sur ses concurrentes d'être, en outre, une figure politique. La journaliste et écrivaine est une opposante connue au régime biélorusse - qui continue d'interdire, malgré ses prix, son livre La Supplication, consacré à Tchernobyl. Un tel choix serait "parfait", estime l'éditeur suédois Svante Weyler, interrogé par l'Agence France-Presse. "L'académie aurait dû récompenser plus tôt des reporters littéraires de la classe de Ryszard Kapuscinski" (Polonais décédé en 2007)", estime pour sa part le journaliste culturel Björn Wiman, qui soutient également le choix possible de la Biélorusse. "Alexievitch est un auteur documentaire qui écrit des reportages polyphoniques d'un excellent niveau."

"L'oeuvre de plus grand mérite"

Un grand auteur qui soit aussi une figure politique : c'est justement ce que demandait, pour son prix, Alfred Nobel, dont le testament stipulait qu'il devait être remis "à l'oeuvre de plus grand mérite sur le plan de l'idéalisme". "On trouve de temps à autre des oeuvres qui ne se défendent que par l'art pour l'art" (comme celle, en 2011, du poète suédois Tomas Tranströmer), mais "l'engagement politique est permanent", expliquait en 2012 au Point.fr François Comba, maître de conférences en littérature et en histoire à l'Institut d'études politiques de Paris...
Pour le Nobel 2013, les bookmakers mettent d'ailleurs en avant d'autres auteurs de la même trempe. Comme le Kényan Ngugi wa Thiong'o, qui fut un farouche opposant du gouvernement Moi, le poète syrien Adonis qui, comme lui, connut la prison et dut s'exiler, ou l'Israélien Amos Oz, ardent défenseur de la cause palestinienne et d'une solution à deux États au conflit du Proche-Orient. Tous trois, il est vrai, sont des familiers des listes de Ladbrokes où ils côtoient d'autres habitués d'envergure, comme Philip Roth, Milan Kundera ou Cormac McCarthy. Il est vrai, aussi, qu'en matière de littérature, l'académie Nobel adore créer la surprise.

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